vendredi 3 mai 2013

Les Entrepreneurs, Mythes et réalités


Le but de ce papier est de déconstruire le discours idéologiques autour de l'Entreprise et des Entrepreneurs qui est véhiculé par les médias, le MEDEF et les partis politiques dans le but de mieux appréhander la réalité du tissus productif en France et vérifier par la même occasion si l'on ne surestime pas trop le rôle des entrepreneurs.
il est bon de préciser avant de commencer quelques définitions.
Selon l'Insee :
Les microentreprises sont des entreprises qui, d'une part occupent moins de 10 personnes, d'autre part ont un chiffre d'affaires annuel ou un total de bilan n'excédant pas 2 millions d'euros
Les petites et moyennes entreprises (PME) sont des entreprises qui, d'une part occupent moins de 250 personnes, d'autre part ont un chiffre d'affaires annuel n'excédant pas 50 millions d'euros ou un total debilan n'excédant pas 43 millions d'euros.
Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont des entreprises qui n'appartiennent pas à la catégorie des PME et qui d'une part occupent moins de 5 000 personnes, d'autre part ont un chiffre d'affaires annuel n'excédant pas 1 500 millions d'euros ou un total de
bilan n'excédant pas 2 000 millions d'euros.
Les grandes entreprises sont des entreprises qui ne sont pas classées dans les catégories précédentes.

Il y avait en France en 2010:  3 081 792 entreprises au sens de l'Insee réparties comme dans le tableau ci dessous :


La lecture de ce tableau va nous permettre de mettre en évidence quelques vérités et de
démythifier le rôle de l'entrepreneur qui créé des richesses et des emplois il est bon de s'attarder sur ce tableau, mais avant d'aller plus loin :
Petit rappel il y avait en 2010 un peu plus de 26 259 500 emplois en France, 23 792 000 emplois salariés (dont 7 609 500 dans la fonction publique, l'Etat est de loin le plus gros employeurs de salariés dans ce pays avec 32% des emplois salariès) et 2 467 500 emplois non salariés.
La lecture de ce tableau est assez explicite :
Les microentreprises : Elles représentent 95,5 % des entreprises en France, elles emploient en moyenne un peu moins d'un salarié par unité ( parmi elles près de la moitié sont des autoentepreneurs) Elles n'occupent que 10,7% des emplois salariés de ce pays
Les PME  elles sont au nombre de135 823 entreprises ( les Pme : plus de 10 salariés et moins de 250) occupent un peu plus de 3 500 000 salariés soit 15 % des emplois salariés.
Les Entreprise de Tailles Intermédiaires ( ETI ) au nombre de 4623 soit 0,15% de l'ensemble qui emploient 12,2% des emplois salariés français. La structure de groupe domine clairement seules 10% d'entre elles sont constituées d'une unité juridique
A l'autre extrémité 229 Grandes Entreprises ( 0,007% de l'ensemble) occupent un peu plus de 4 millions de salariés soit 17,1% des effectifs salariés français. Elles sont toutes organisées en « Groupe » les 2/3 sont françaises et emploient 82% des salariés des GE les 18% restant le sont par des groupes étrangers.

Ainsi donc un peu moins de 0,015% des entreprises de ce pays
Précisément 4622+229 = 4852 entreprises, soit 0,16% de l'ensemble, emploient 29,3% du total des emplois salariés du pays ou encore 53% des emplois privés !

Récapitulons : 
         l'Etat comptabilise 32 % des emplois salariés
  • les  GE, les ETI et les PME  représentent moins de 4,5 % des entreprises en France comptent  44,3% des emplois salariés. Elles réalisent près de 75% de la Valeur ajoutée ( hors agriculture, secteurs public et financiers)
  • 95,5% des entreprises les microentreprises comptent 10,7 % des emplois salariés


Cette concentration est tout aussi visible dans le secteur industriel, fer de lance de toute économie :
Pour ce qui concerne l'industrie un peu moins de 212 900 entreprises ( 7% de l'ensemble) emploient un peu plus de 3 300 000 salariés ! Soit 13,9% des emplois salariés du pays.
  • 71 groupes classées comme GE emploient 1 127 990 salariés. Soit 34% des emplois industriels. 100% de ces entreprises, exportent près de 33% de leur CA !
  • 1551 goupes classés en ETI emploient 1 062 500 soit 32% des emplois industriels , 94% d'entre elles exportent 30% de leur CA
  • 25 823 Pme emploient 828 690 salariés, soit 25% des salariés de l'industrie, dont 57% exporte près de 24,5% de leur CA
L'industrie dans sa totalité réalise 65% des exportations françaises en valeurs. Les GE et les ETI industrielles( 1622 groupes) réalisent à elles seules près de 60% !
Donc 1622 groupes, soit 0,8 % des entreprises industrielles emploient 66% des salaries de l'industrie et réalisent 60% des exportations françaises!

Comme on le voit le secteur industriel est fortement concentrés. Il est presque certains que la plupart de ces 1622 entreprises sont cotées sur un marché boursier et dont on peut penser à quelle logique financière elles fonctionnent !
Cette concentration relativise le matraquage sur la compétitivité des entreprises qu'on balance à longueur de débat sur le sujet. Si il faut chercher des responsables d'une quelconque faiblesse compétitive, on sait où les trouver!
Nous sommes loin du mythe de l'entrepreneur qui créé les richesses et les emplois !
Le Rapport Gallois, le MEDEF, les « pigeons » comme le Gouvernement, nous rabachent que 3 millions d'entreprises et autant d'entrepreneurs sont à « choyer » pour qu'ils ne perdent pas confiance et puissent continuer à donner de la « croissance » à notre beau pays !
Récemment sur le plateau de « Mots croisés » Geoffroy Roux de Bézieux PDG du groupe Omer Télécom ( Virgin mobile) candidat à la Présidence du MEDEF, mais aussi entre autre co-fondateur du FCPR ISAI, éructait à l'encontre de Ph.Poutou que le probléme en France c'était que 2,7 millions d'Entreprises « crevaient » la bouche ouverte et que les 40 entreprises du cac 40, elles, ne représentaient rien ! Même M.Calvi, le monsieur Loyal de l'émission en rajoutait une couche, en affirmant que « la 1ère Entreprise de France ce sont les Pme !
En fait tout ce discours, dont la fonction principale et de cacher la réalité et nous présenter ces millions de petites entreprises qui souffrent et qui croulent sous le poids des prélèvement obligatoires imposé par un Etat trop dispendieux, est en réalité un discours idéologique pour masquer la vrai raison de ce lobbying intensif exercé par ces quelques milliers d'entreprises constituées en Groupe pour moitié français et pour l'autres moitié étrangers afin d' optimaliser le rendement des actions. Le discours dominant est de se plaindre que ces millions d'entreprises n'ont pas de marges suffisantes pour investir ou créer des emplois, coût du travail et prélévements obligent. Alors qu' en réalité elles en trouvent pour distribuer des dividendes, comme le montre ce graphique.

Alors que parallèlement on dénonce le déclin (cf- rapport Gallois) de la compétitivité des entreprises françaises, depuis le début des années 2000 on s’aperçoit également que pendant cette période les dividendes ont augmenté de 300% !











En vérité alors que ces entreprises  délocalisent fortement ( leur filiales à l'étranger réalisent près de 3 fois plus de CA que leur CA à l'export!) elles n'ont de cesse que de moins payer d'impôts et de baisser le coût du travail, déjà, elles payent un impôts sur le bénéfice disons pour le moins anecdotique, grâce à l'optimisation fiscale et aux paradis fiscaux.
Il est assez curieux de remarquer que leurs dirigeants, au moins en ce qui concerne leur 10 meilleurs salaires on arrive à une quarantaine de mille de personnes au sommet de l'échelle des revenus, les 1/10000 décile supérieur) qui ont bénéficié sous Sarkozy du Bouclier fiscal et qui continuent à bénéficier des niches fiscales qui "planquent" leur "fric" aujourd'hui dans les paradis fiscaux. Ils placent une grande partie de ce "magot" en obligations en dettes souveraines, dont des obligations françaises, pour faire fructifier leurs "avoirs" sans risques en ces temps de crise! On comprend alors leur satisfactions à l'annonce du maintien de l'exonération sur les plus valus de cessions immobilières! Et on comprend mieux la satisfaction de M.Geoffroy Roux de Bézieux, Fondateur d'un Fonds commun de placement  ISAI
La vrai question est de se demander est-ce normal que ces entreprises ne prennent pas leur responsabilité en ne se comportent pas comme des entreprises citoyennes qui favoriseraient l'emploi des jeunes dans leurs accès à un premier job par exemple ou encore qui s’acquitteraient d'un juste impôts qui n'est que le juste prix à payer par ces entreprises pour l'usage des infrastructures dont elles "usent" et abusent dans ce pays.
Non les "pigeons " ne sont pas ceux qui s'en réclament, mais tous les petits contribuables...


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