mardi 3 avril 2012

La compétitivité par les coûts salariaux, la leçon d’économie de Sarkozy et du MEDEF ?



"Coût du travail ! coût du travail ! "  voilà ainsi désigné à la vindicte populaire, le mal qui ronge la société française par le candidat-Président et le MEDEF de Laurence Parisot.
Ils n'ont que ça à la bouche « Réduisons, supprimons, assouplissons... » c'est devenue la rengaine après cinq longues années. Après les Déficits publics, la Dette publique, la bande à Parko-Sarisot s'emploie à nous faire croire par la méthode Coué que « le coût du travail et son corollaire les charges sociales sont trop élevés en France »
Sarkozy a conclu ainsi son « Sommet social » qui a accouché comme tous les sommets à son initiative depuis 5 ans, d'une souris. Mobilisant l'Appareil médiatique français pour l'essentiel entre les mains du grands patronnat, il nous a délivré enfin son diagnostic , ce sont eux « les coûts du Travail » qui plombent notre compétitivité et qui contribuent à aggraver notre déficit .
« ils » ( les coûts du Travail) ont laminé notre secteur industriel, « ils » fabriquent les « chômeurs » etc,etc...nous serinent-ils à longueur de journée. Leurs grands journalistes qui n'ont de journalistes que leur carte de presse n'ont même pas cherché à vérifier l'assertion, ils ont entonné la chanson ! Ils auraient pu dire «  mais Monsieur Le Président le Travail a un coût c'est une évidence... mais c'est avant tout une Ressource ! »
Et oui, une Ressource, sans Travail pas d'entreprise et pas de Produit à consommer !
Existe t-il une Entreprise sans Travail ? Les puristes rétorquerons que si...Dans les paradis fiscaux où elles sont parait-il nombreuses pour « blanchir »l'argent de la Pègre, ou pour « aider » les Riches à échapper à l'impôt, oui, sauf qu'ils confondent l'entité juridique « la personne morale » avec" l'entité économique" celle qui produit un bien.
Vraisemblablement le problème commence avec la "Comptabilité" et ses règles, ses procédures et son vocabulaire tels qu'ils ont été définis pour nous expliquer comment mesurer un "Bénéfice".
 Pour simplifier, on nous dit, il faut compter les "Charges" (toutes les dépenses liés à l'exploitation régulière de l'année comptable) et "les Produits" (toutes les recettes dégagées dans le même intervalle de temps) La différence ( Produits-Charges) si elle est positive, devient un Bénéfice et si elle est négative, c'est une Perte.
L' Entreprise sans Salaire... ça n'existe pas non plus !
 Pour une Entreprise, le Salaire et le dividende ont la même finalité, celle de rémunérer ce que les économistes appellent des «  facteurs de production ( l'un le Travail l'autre le Capital)
Pourtant, pour la Comptabilité, le Travail sera un coût et le Capital une ressource !
Mais pourquoi pas le travail ?
Depuis K. Marx nous savons que l'idéologie n'est que l'expression que la mauvaise conscience de la classe dominante. Cette mauvaise conscience a élevé l' Economie au rang de Science, celle ci fait dire à « ses » économistes néolibéraux et à ses statisticiens que pour mesurer la « compétitivité » d'un pays, d'une entreprise, entre eux, la variable principale est le « coût du travail »
Le capitalisme qui a bâti sa domination sur le Monde à partir de l'exploitation de cette ressource le travail sait parfaitement de quoi il parle et comment et où il est plus facile d'engranger des « profits »
C'est donc décidé, qu'on se le dise, le Travail est un horrible coût et les charges sociales, d'insupportables charges !
 Le salaire et les "charges" sociales afférentes sont donc par « convention » comptés comme "d'horribles charges" qu'il faut maitriser ou mieux faire baisser... comme tous les autres coûts et si l'on est logique jusqu'au bout, messieurs les économistes, les faire...disparaitre !
L' Entreprise par finalité devient donc une superposition de coûts, sauf que l'Entreprise à coût zéro ça n'existe pas, parce il n'y aurait plus alors d'entreprise !
 La supercherie néolibérale, c'est de faire croire que la « Compétitivité » par les coûts salariaux entre deux entreprises françaises sur un marché identique en France ( Seules 25 % des entreprises exportent!) c'est leur gros problème.. en fait c'est la solutions de facilité pour elles en réduisant ses coûts d'accroitre leur bénéfice.
La France dans le monde ( source -Commerce extérieur 2011) occupe la 5ème place tant au niveau de ses Importations que des ses Exportations !
A l'Export, nous avons la Chine 1, l'Allemagne 2, US 3, Japon 4 qui font mieux que nous ;
A l'Import, Les US 1, la Chine 2, l'Allemagne 3 et le Japon 4 qui font plus mal que nous!
La France, cette année, importe pour près de 500 Mds€ et exporte pour près de 430 Mds€
Elle réalise donc un déficit commercial de 70 Mds€.

 Ce Déficit se fait pour 23 Mds € avec la Chine et 6,5 Mds€ avec la Russie qui sont des pays à bas coûts ! 18 Mds€ avec l'Allemagne, 9 Mds€ avec la Belgique,et 5 Mds avec les Etats unis.
Près de 90% du  déficit français est  sur ces seul pays... 42,1 % avec les pays à bas coût du travail et 45,7 % avec des pays aux coûts du travail comparable aux notre, cherchez l'erreur !
Enfin sur le commerce extérieur, il conviendrait de détruire quelques mythes !
Près de 50 % de notre déficit commercial, cependant, est du à la facture énergétique ( Pétrole et produits raffinés) la  baisse des charges ne l'améliorera pas, merci Total et au couple de milliardaire canadien et Belge, MM - Desmarrais- Frêres-, grands amis de Sarkozy, indissociable de leurs partenaire financier, la BNP Paribas dont M.Pébereau Président d'honneur à vie a contribué à bâtir cette méga-banque (dont l'actif est près de deux fois supérieur au PIB du Pays) mais qui est aussi le conseiller très écouté du Président Sarkozy.
Mais la France est déficitaire dans ses échanges et cela bien sur alourdit son déficit.
Le véritable tour de force si l'on réfléchi un tant soit peu, l'Arnaque absolue, c'est que ce coût insupportable que sont les charges patronales n'a en réalité aucune incidence sur la compétitivité des entreprise entre elles sur un même territoire. Celui qui affirmerait le contraire serait un menteur . 75 % des Entreprises françaises n'exportent pas !Bien sur il ne saurait en être de même pour les 25 % autres qui exportent, mais uniquement 3% exportent hors zone UE ! Ce qui circonscrit le problème !
La problèmatique est bien connu, la désindustrialisation de ce pays depuis un dizaine d'années est le résultat d'un tissus trop important de petites et moyennes entreprises sous capitalisées, avec pour la plupart des Besoins en Fonds de roulement excessifs et un accès difficile voire impossible aux prêts bancaires pour le financement de leurs investissements et quand elles y accèdent c'est à des coûts excessifs ( des charges financières souvent supérieures aux bénéfices! L'entreprise travaille alors pour les banques !) Un tissus industriel qui s'est développé autour de grands donneurs d'ordre de l'industrie de l'énergie, l'automobile et de l’avionique. Bien sur dans ces conditions il devient difficile pour ces entreprises d'exporter, « faire de l'exportation » comme on dit.
Sur la pression du MEDEF les gouvernements de droite et Gauche ont préféré «  alléger les charges sociale » pour accroitre leur bénéfice, au point que la cour des comptes relève que c'est près de 100 milliards d'€uros de niches sociales (sans parler des niches fiscales) déversées aux bénéfice des entreprises, bien sur les plus grosses ont une part du gâteau plus important..
Bien sur pour pouvoir distribuer tout cet argent, comme la France n'a pas d'excédent primaires et commercial, l’État Sarkozy, en particulier, s'est endetté. Tout en réduisant les coûts des services publics jusqu'à là aussi les faire disparaître ou les rendent inopérants !
Qu'à cela ne tienne, si réduire les charges du budget s'avère un exercice difficile, s'endetter ne coûtait pas cher sur les marchés, ces dernières années, moins de 2% ...Alors endettons nous a souhait.. Sarkozy l'a fait. Sous son quinquennat la dette s'est accrue de près de 700 milliards d'€. C'est déjà le record absolu pour un exercice ! Sarkozy pouvait distribuer aux riches !
En juillet dernier « les marchés » s'affolent en grande partie inquiétés par l'incompétence du couple MerKozy sur la gestion de l'UE et de sa monnaie l'Euro. Un doute horrible s'empare des marchés et fait surenchérir le coût de la Dette. Les marchés doutes et le « Doute » à un prix, le prix de la dette !
Il Le faut vite chercher un responsable un dérivatif, le coût du Travail devient le grand responsable ! Les caisses de résonance médiatique de la Sarkozie ne s'en priveront pas.

Vieille rengaine, jeune retraité j'ai toujours entendu le même refrain! Mes parents aussi!
Rappelons nous le coût du travail, c'est le « salaire + les charges sociales » pour le patronat à l'évidence le coût du travail est trop important. Comme on ne peut pas agir trop sur les salaires, on se concentre sur les charges sociales. Conquête du mouvement ouvrier, elles étaient déjà de « trop » en 1930 quand le patronat doit s'acquitter de 5 % de la masse salariale pour payer une prime d' assurance qui garantissait très mal les accidentés du Travail, mais que les salariés leur avaient arrachée.
  « 5 %! C'est  une charge insupportable » claironnera le Patronat de l'époque.
Il est bon, en cette période de perte de mémoire collective, de se souvenir à quoi servent les charges sociales. Les ordonnances du 4 et 19 octobre 1945 qui ont mis en place le Plan du Conseil National de la Résistance se prononcent pour : « un plan complet de Sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail avec gestion appartenant aux représentants des assurés et de l’État » et une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours  » et la constitition de 1946 , dans son préambule, comme celle de 1958 le rappelleront.
Article 1er de la Constitution de 1946
« Il est institué une organisation de la Sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leurs capacités de gain, à couvrir les charges de maternité ou les charges de famille qu'ils supportent ».
Le Préambule de la Constitution de 1958 concernant la Sécurité sociale affirme :
«  La Nation assure à l'individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement. Elle garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence ».
Les charges sociales ( patronales et salariales) servaient à ça. Mais c'était encore et toujours «  trop » quand le Patronat devra s'acquitter de 29% de charges  ( salaire différé)! On l'aura compris pour le patronat ce sera toujours « trop » et toujours tout aussi « insupportable » Déjà le MRP en combattait l'idée contre le CNR au lendemain de la Libération. Le Patronat n'a pas la mémoire courte sur les charges sociales, Lui qui s’accommoda mieux de l'occupation nazi et du régime de Vichy que du Front Populaire. Il fera, pour l'éternité, des charges sociales... une charge insupportable !
 Le MRP d'hier, relayé par l'UMP aujourd'hui s'en feront l'écho politique.
La Sécurité Sociale en danger se verra « spolier de taxe et impôts » que le législateur avait créés pour elle mais qui ne lui seront jamais reversées, contribuant à creuser le « trou » de la Sécu sans parler des exonérations des charges patronales qui ne seront jamais compensées.
La cour des comptes a estimé qu'environ 80 milliards € de niches sociales, chaque année, manquent au financement de la Sécu. Qui veut tuer son chien l'accuse d'avoir la rage, c'est bien connu. «  La Nation » nous dit la constitution « assure à l'individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement  » La Nation c'est qui?  ne serait-ce pas tout ses « agents économiques » les Ménages, les Administrations... et aussi l'Entreprise. Oui l'entreprise est un agent économique et se doit de participer à l'effort national par quel droit divin en serait-elle dispensée ?
Les prélèvements obligatoires c'est pour moi comme pour vous plus de 42%. Mais Total ou la BNP ou Sanofi par exemple ne payent presque pas d'impôts par rapport à leurs bénéfices mais distribuent pratiquement autant de dividendes et parfois plus!
Il n’empêche que « ce coût insupportable » est depuis toujours « atténué » par des mesures d'exonérations.
Ca va faire 50 ans que ça dure ! Un immense Cadeau est ainsi fait au patronat pour améliorer ses « fin d'excercice » et pour récompenser sa médiocrité.
L'année dernière la masse salariale ( source Insee) dans le PIB français représentait environ 652 Milliard € et l'exonération un peu plus de 80 Milliards € soit presque 14% de la masse salariale . A t-on vu les prix baissés, les salaires augmentés, le nombre de chômeurs diminué ? Non, ces 80 milliards sont venus grossir les profits des entreprises et contribuer à creuser d'autant le « Trou » de la sécurité sociale ! Rien ne se perd rien ne se crée ...
Mais Sarkozy qui a eu le temps de réfléchir pendant son mandat , met fin à l'insoutenable suspens économique de la série télévisée « 5 ans avec Sarkozy »  C'est notre incapacité à être une économie capable d'avoir un excèdent commercial qui nous plombe ! Ah bon ? et pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas compétitif, et nous ne sommes pas compétitif parce que... les charges sociales, les horribles charges sociales...pénalisent nos échanges ! Répètent à l'encan, Sarkozy et le MEDEF. C'est pas la politique monétaire de l'UE ? C'est pas la politique anti européenne de l'Allemagne bafouant ses traités ?
L'Euro, n'est pas responsable ? La nouvelle monnaie largement sur évaluée, depuis une dizaine d'années, a contribué à détruire ce qui restait de la compétitivité de l'industrie française.
Les dirigeants allemands, Schroeder et Merkel auront facilité par leur politique déloyale de déflation salariale ( rendant leur production plus compétitive et avec la hausse de la TVA en compressant sa consommation que les règles européennes lui interdisaient) à rendre moins compétitive les entreprises françaises . Cet état de fait. Cette politique allemande ont certes développé les excédents teutons mais a aussi pénalisé les importations françaises, ainsi que celles des autres partenaires européens.
 Il n'y a pas de secrets pour une Union européenne sans arbitrage sans régulation sans véritable politique monétaire et sans transferts, Les excédents des uns deviennent alors les déficits des autres !
Affirmer que la compétitivité en ce 3 ème millénaire se fait par les coûts salariaux reste une vaste fumisterie qui doit faire mourir de rire n'importe quel consultant en management un peu sérieux.
La compétitivité aujourd'hui comme hier se fait sur et par l'intégration de "Valeurs" nouvelles au produit.
APPLE, Volkswagen sont un vivant exemple, parmi beaucoup d'autres.
Sur certains ordinateurs Apple dont le prix tourne autour de 1200€ , Apple reconnaît que le coût salarial représente 7€ quand il est produit comme aujourd'hui en Chine dans des conditions honteuses, contre 22€ si le même produit était fabriqué aux Etats unis et que ce ne serait pas un problème (sauf qu'il n'est plus possible aujourd'hui de les produire aux States, les savoirs faire sont perdus et les investissements colossaux  à réaliser sont trop prohibitifs)
L'arnaque est ainsi révélée, si Sarko est à nouveau réélu, la promesse d'une TVA sociale c'est encore 13 Mds€ de cadeau au Patronat français qui seront pris dans les poches des ménages, les  98% des ménages qui consomment tout ou presque tout ce qu'ils gagnent ! Ah oui vous pensez peut être que les entreprises vont diminuer leur prix d'autant, le prix étant une variable du mix markéting beaucoup n'y toucheront pas.
Petit à petits les « acquis sociaux » sont rognés, la « sécurité sociale » à la française absorbée par son « trou » noir appelé à étre réduite à sa plus simple expression, les droits constitutionnels bafoués toujours plus, mais...les entreprises et leurs actionnaires exonérées d'une grosse partie de leurs charges d'impôts ( sur les bénéfices et sur la Taxe professionnelle) dont les camions transportent leur stocks sur nos routes, dont sa main d’œuvre devra assurer sa reproduction en partie grâce à l'Etat même si elle doit être toujours moins chère grâce à un chômage de plus en plus massif. L'etat justifié pour rendre cette main d'oeuvre toujours plus qualifiée, plus mobile malgré le coût du transport et plus efficace grâce à l'Ecole afin que ces Entreprises puissent verser une rente toujours plus grande au Capital.
Il est grand temps de repenser l'Entreprise.








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